C’est donc ce à quoi je me suis attaché. En 1982, cette politique de stimulation de la négociation d’entreprise était accompagnée le renforcement des moyens accordés aux organisations syndicales sur le terrain. Par ailleurs, il faudrait examiner de plus près la fabrique des politiques économiques, en dépouillant les archives du ministère de l’Économie. Pierre Bérégovoy, ministre des Affaires sociales, en assura les fonctions sans en porter le titre, et sans se consacrer en priorité à ce domaine. À la charnière des deux décennies, il est incarné au premier chef par Jacques Chaban-Delmas et son conseiller social Jacques Delors. La tactique est simple : réclamer une plus grande flexibilité, la présenter comme une recette miracle pour créer des emplois, et conduire gouvernement comme syndicats soit à l’accepter, soit à endosser le rôle peu enviable de conservateurs arc-boutés sur la défense des privilèges des salariés, aux dépens des chômeurs. À partir du coup d’envoi que fut l’ouvrage de François Bloch-Lainé Pour une réforme de l’entreprise (publié en 1963), ils ne cessèrent pas d’essayer de diffuser leurs idées. Début juillet 1984, une étude vient de manière fort opportune confirmer la préscience gattazienne. Certes, au sein des ministères, l’étude « Pragma », à cause de ses failles béantes, ne suscite que du dédain ou de l’ironie. Beaucoup de ces accords sont cependant restés très formels, peut-être justement à cause de l’institutionnalisation de la négociation d’entreprise. Son gouvernement, dit-il alors, serait celui de la « rigueur et de l’imagination[7] ». À un dialogue social véritable, se substitue ainsi trop souvent un appel à la providence de l’État, qui ne fait que renforcer encore son emprise sur la vie collective, tout en faisant peser un poids trop lourd sur l’économie tout entière. L'encyclopédie française bénéficie de la licence Wikipedia (GNU). S’il souligne l’opération de communication, jamais le quotidien de référence ne remet en cause le bien-fondé des chiffres avancés par l’étude Pragma, laissant l’exclusivité des critiques aux syndicalistes[9]. [2] Jean-Charles Asselain, « L’expérience socialiste face à la contrainte extérieure (1981-1983) », ibid., p. 399. C’est ainsi qu’il n’existe pas, à mon grand regret, de fonds Auroux permettant d’examiner vraiment de près quelle fut l’action du maire de Roanne à la tête du ministère du Travail entre 1981 et 1983. Si Myriam El Khomri a de ce fait connu des débuts pour le moins difficiles (on se souvient du calamiteux épisode de l’interview chez Bourdin), ce fut également le cas pour Jean Auroux. Le projet de loi El Khomri n’y échappe pas. [8] Archives Nationales 5 AG 4 JL/38, note de Martine Aubry au ministre, 5 juillet 1984. - Alger : C.R.E.A.D., ZDB-ID 1013445-1. Précisément, les deux réalisateurs du Tournant se sont faits embarquer par le discours de Michel Rocard. Cette démarche […] sera conduite dans la rigueur. Ainsi, la politique de rigueur salariale, basée [...] sur les prévisions d'inflation, qui a été adoptée dans le secteur public [...] en 1998 a pratiquement abouti à un gel des salaires en termes réels jusqu'en 2000, voire au-delà. Il n’est cependant pas obligatoire d’en être dupe. Lors de la réunification en 1990, cinq nouveaux Länder ont été créés : le Brandebourg, le Mecklembourg-Poméranie occidentale, la Saxe, la Saxe-Anhalt et la Thuringe. eur-lex.europa.eu. Quant à Jean Auroux, il a fait partie de la jeune génération d’élus locaux socialistes qui a profité de la montée en puissance de la gauche aux élections locales à la fin des années 1970. La voici donc. Cela passe par une capacité de contrôle accrue de ces travailleurs sur l’action des chefs d’entreprise, pouvant le cas échéant se muer en droit de veto. Bonne question, n’est-ce pas ? Les politiques de relance s'opposent aux politiques de rigueur, d'inspiration libérale. Cette vulgate donne aussi le beau rôle à tous les hauts fonctionnaires libéraux exerçant alors dans les postes clé du ministère des Finances et à la Banque de France, puisqu’elle en fait les gardiens du bon sens et les professeurs en économie de ces écervelés de socialistes. Il est ainsi possible de montrer qu’en mars 1984 Pierre Bérégovoy se retrouve dans une impasse intellectuelle et politique : il est alors désespérément à la recherche de solutions nouvelles, qu’il n’a à cette date pas encore trouvées. Certes, 70 % n’est pas 100 %, mais la négociation d’entreprise est tout de même beaucoup plus habituelle qu’il y trente ans (36 000 accords d’entreprise sont signés chaque année). Réalisé par les journalistes Tristan Dessert et Clément Lacombe, Le Tournant, quand la gauche a cessé de rêver est consacré au « tournant de la rigueur » de 1983 (la bande-annonce est ici). Le résultat quantitatif de ladite suppression ? Bon tat, Coins frott s, Dos satisfaisant, Int rieur acceptable. Pour preuve, voici un petit extrait d’un ouvrage consacré à Martine Aubry (qui a été un membre clé du cabinet d’Auroux) : « C’était affligeant, se souvient l’un des membres de son cabinet. Elle bénéficie également de l’apport de la CFDT, qui à partir de son « recentrage » de 1978 connait un véritable virage contractualiste, qui l’amène à vanter les mérites de la négociation sociale, devenue peu à peu synonyme d’autogestion en actes. Ce qui domine est plutôt le désarroi et le sentiment d’impuissance face à l’absence de résultats sur le front du chômage. Je conclurais cet exposé en disant que mon ambition a d’abord été d’écrire une histoire qui tienne à distance les multiples mythes politiques attachés à cette période. En France, des politiques de rigueur permettant de maîtriser l’inflation provoquée par les chocs pétroliers eurent lieu sous les gouvernements Raymond Barre. La retraite à 60 ans vient rendre plus claire une situation où la plupart des salariés n’attendait plus depuis longtemps l’âge légal de 65 ans pour cesser leur activité, en raison du recours massif aux préretraites. Je remercie bien sûr également celles et ceux qui me font l’amitié de venir aujourd’hui. cit., p. 336. LA fenêtre fournit des explications et des traductions contextuelles, c'est-à-dire sans obliger votre visiteur à quitter votre page web ! Est-il thème plus rabâché aujourd’hui que celui de la nécessaire, indispensable et urgente revalorisation du dialogue social ? Cf. Il faudrait notamment distinguer ce qui a trait à l’opportunisme politique (la volonté de surfer sur un certain air du temps) des changements réels dans les politiques suivies, et des transformations dans les cultures politiques socialistes. [La publication de mon billet précédent, qui portait sur le documentaire des journalistes Clément Lacombe et Tristan Dessert, a suscité de leur part une longue réponse envoyée par mail. Allons nous aussi y regarder de plus près. Elle illustre ainsi le rôle de pépinière privilégiée du pouvoir socialiste qu’a pu jouer la municipalité parisienne au cours des années 2000. J’emprunte l’expression de « vulgate » à l’historien de l’économie Michel Margairaz. Traductions en contexte de "politique de rigueur" en français-italien avec Reverso Context : La nécessaire politique de rigueur économique et les mutations qui en découlent entraîneront cependant de graves conséquences sociales. La conjoncture de crise, les e... More details; La conjoncture de crise, les effets pervers des politiques de rigueur et la remise en cause des idées reçues sur certains mécanismes macro-économiques . Placez les cartes dans la bonne catégorie. Et aujourd’hui ? Confier le ministère du Travail à des seconds couteaux témoigne de ce qu’il n’est pas considéré comme prioritaire. Seul le quotidien de gauche Le Matin (disparu depuis) s’autorise à ironiser sur le « magicien » Gattaz ayant sorti 471 000 emplois de son chapeau[10]. Son exposé des motifs revendique même son inscription dans une lignée remontant aux lois Auroux de 1982 : il faut d’après lui « donner au dialogue social une place beaucoup plus importante dans la définition des règles sociales pour que le pays passe enfin d’une culture de l’affrontement à une culture du compromis ». Jean Peyrelevade, conseiller économique de Pierre Mauroy, fustige ensuite l’étendue des nationalisations bancaires, puis la voix off en vient à ce qui est présenté comme les conséquences financières de cette dispendieuse politique : « le gouvernement a vite fait de vider les caisses de l’État. Cela peut-il éclairer certains débats actuels ? L’action du gouvernement Mauroy en matière de relations sociales apparait ainsi comme un moment particulier dans un mouvement de plus longue durée. Le discours dit de la « Nouvelle société » incarne à la perfection cette vision des relations sociales françaises : « Les groupes sociaux et les groupes professionnels sont, par rapport à l’étranger, peu organisés et insuffisamment représentés. Il y aurait ici un chantier d’étude à mener plus avant, pour étudier comment les conceptions des hauts fonctionnaires français en charge du social se sont élaborées et se sont transmises, de génération en génération, au cours du XXe siècle, et notamment pourquoi elles ont eu un tel succès au sein de la deuxième gauche. Le lecteur l’aura compris, le récit mis en scène dans le documentaire de Clément Lacombe et Tristan Dessert me paraît globalement insatisfaisant. La continuité républicaine, encore ! Ainsi Manuel Valls, sur sa page Facebook : « Notre économie est beaucoup trop rigide ! Le quatrième chapitre (« Les visiteurs du soir ») est consacré à l’épisode de mars 1983, lorsque François Mitterrand envisagea de tourner le dos aux choix effectués au mois de juin précédent et de sortir du SME, avant de se rallier aux vues de son Premier ministre et de le conforter dans le choix de la rigueur. Résumons tout d’abord rapidement le propos du film, déroulé tout au long de cinq « chapitres » (les cinq actes d’une tragédie ?). Illustration : capture d’écran du journal de la mi-journée d’Antenne 2, 13 mai 1982. Disons-le d’emblée, ce programme ambitieux n’a pu être tenu complètement, et les résultats que je vous présente aujourd’hui sont d’une ampleur plus modeste. [5] Journal officiel de la République française. La matière première centrale de mon travail a en effet été, d’abord et avant tout, les archives témoignant de l’action de ces experts, au sein des différents cabinets ministériels en charge du secteur social, comme dans les organismes d’expertise d’État, tel que le Commissariat général du Plan. Certains ministres du gouvernement Fabius[11] (Gaston Defferre, mais aussi Édith Cresson) n’y sont pas insensibles[12]. Il y a également une raison liée à la pauvreté des discussions menées, ce qui a pu hélas arriver. 106 CFD 24. Matthieu Fulla a magistralement montré dans sa thèse comment les conceptions économiques du PS ont fluctué durant cette décennie, la raison en étant d’abord et avant tout politique[3]. ». Ils en sont réduits à gérer au jour le jour, sans direction très claire. D’après eux, une réforme similaire de 2012 a suscité un surcroit d’embauche en CDI de 300 000 l’année suivante. Le premier d’entre eux est un documentaire télévisé, diffusé le 29 octobre dernier sur Public Sénat. [2] Les emplois d’avenir ont été élaborés pour concerner 150 000 jeunes, à comparer avec les 310 000 postes d’emplois jeunes créés sous le gouvernement Jospin, qui ont concerné 470 000 jeunes au total. Ces deux exemples montrent à quel point l’épisode de 1983 a été construit mémoriellement comme le moment d’un basculement politique majeur… et à quel point il fait l’objet de reconstructions a posteriori, et d’interprétations plaquées. Désormais, il joue en défense. Outre les archives ministérielles, j’ai également beaucoup utilisé les archives issues des organisations syndicales et patronales. C’est Thomas Legrand qui est censé remplir ce rôle, mais il n’a pas grand-chose à dire de plus que des généralités très vagues. L’insuffisance de la négociation collective et les désordres publics qui sont la conséquence de cette situation  ont provoqué l’immixtion de l’État dans les relations sociales, alors qu’il n’est pas légitime dans ce domaine. Selon les époques et les situations, on a aussi parlé de « politique de refroidissement » (par exemple en 1963 en France) ou de « politique restrictive ». Rigueur ou relance ? Au départ de cette thèse, il y avait l’ambition de faire l’histoire de la gauche au pouvoir dans la première moitié des années 1980, afin d’explorer ce que la pratique du pouvoir avait fait à la gauche de gouvernement. eur-lex.europa.eu. Ce constat est en soi assez banal, mais trop de travaux accordent encore une confiance excessive dans les témoignages d’un nombre trop limité d’acteurs politiques de premier plan. Aujourd’hui, le projet de loi El Khomri, en plafonnant les indemnités prud’homales, vise justement à supprimer lesdits aléas, afin de sécuriser les entreprises. Sur un plan plus général, tout cela illustre peut-être aussi et surtout le caractère dominé du ministère du Travail par rapport au ministère de l’Économie et des Finances. [9] Le Monde, 5 juillet 1984. Combien de fois ai-je entendu des chefs d’entreprises – et notamment de PME, c’est-à-dire là où se créent les emplois – me dire qu’ils embaucheraient volontiers, mais qu’ils avaient peur d’être « coincés » si leur activité, tout à coup, allait moins bien ? [1] Chose pas tout à fait originale puisque cela était déjà le cas sous le premier gouvernement Juppé, dans lequel Jacques Barrot était ministre du Travail, du Dialogue social et de la Participation. Il s’agit pour lui de « donner la priorité absolue à toutes les solutions permettant d’améliorer l’emploi » : la flexibilité – terme au contenu ambigu et incertain – est conçue comme un « point de passage obligatoire dans la lutte contre le chômage[3] ». L’ordonnance sur les 39 heures et les lois Auroux ont impulsé des changements qui sur le moment n’ont pas connu de suite, mais dont on retrouve l’esprit dans la loi de 2008 sur la représentativité syndicale. ». Changer la langue cible pour obtenir des traductions. Lors de la situation de crise de la France en 1958, Charles de Gaulle revenant au pouvoir, établira une politique de rigueur, déclarant[3] : « Avec mon gouvernement, j'ai donc pris la décision de mettre nos affaires en ordre réellement et profondément. Elle longtemps restée pour moi un objet second, précisément circonscrit chronologiquement. Il a fini par s’y mettre, mais si on lui avait proposé de mettre en place la cogestion, il aurait dit oui ». Les jeux d’échelle imaginés au départ n’ont pas pu être menés à bien, malgré quelques coups de sonde dans les archives départementales. Ce sont pourtant elles qui vont triompher dans la grande réforme du droit du travail effectuée par le gouvernement Mauroy en 1982, et qui sont restées dans l’histoire sous le nom de lois Auroux (du nom du ministre du Travail de l’époque). Je préfère procéder par éclairages ponctuels sur tel ou tel aspect du texte et/ou des débats afférents. Les gouvernants, dans leur ensemble, ne sont pas séduits par le néolibéralisme. Par exemple pour lutter contre les discriminations dont souffrent les délégués syndicaux et qui constituent un puissant frein à la syndicalisation ? Celle-ci est généralement découpée en trois postulats, que je résume ici grossièrement : Dans les années 1960 et 1970, on retrouve ce type de discours dans un groupe informel, celui des « modernistes », pour reprendre l’expression forgée par l’historien néo-zélandais George Moss[3]. 2013 et 2014 seront exposées à un double choc : Le premier choc est celui de la rigueur… rigueur éclaire qui se concentre très… La politique de rigueur et de compétitivité : l'impact réel on Vimeo Sur le moment, la pression patronale n’eut pas énormément de conséquences pratiques. Ce groupe est formé par des hauts fonctionnaires, des journalistes, des syndicalistes modernisateurs et de patrons progressistes, qui tous veulent rompre avec ce qu’ils considèrent comme un dangereux archaïsme. Sans les rejeter complètement, il ne faut donc pas se tromper sur ce qu’ils peuvent apporter. Jouer, Dictionnaire de la langue françaisePrincipales Références. L’obligation de négocier a porté ses fruits : même s’il n’y avait pas dans les lois Auroux d’obligation de conclure, de nombreux accords ont été signés dans les années suivantes. L’exposé des motifs du projet El Khomri le fait sans vergogne pourtant, glosant sur l’idée que le pays doit passer « enfin d’une culture de l’affrontement à une culture du compromis et de la négociation » (la formule se trouvait déjà dans le rapport Combrexelle remis à Manuel Valls en septembre dernier). », titra méchamment Libération à l’annonce de sa nomination[1]). Les lois Auroux sont ainsi le résultat d’un projet moderniste mûri au moins depuis les années où Jacques Delors était conseiller social de Jacques Chaban-Delmas. eur-lex.europa.eu. 3) Le troisième point que je voudrais évoquer est en lien direct avec le précédent, et a trait au fonctionnement du système de relations professionnelles français. La vision de l'homme que véhiculent les politiques économiques de rigueur est celle d'un individu gouverné par l'intérêt matériel calculé ; vision de l'homme trop étriquée selon Keynes qui intègre à ses analyses ses lectures de Freud qui le rendent aussi sensible aux pulsions qui animent les hommes qu'à leur raison calculatrice et utilitaire. Pour schématiser, la première gauche insistait surtout sur l’efficacité du rôle de l’État, et sur le rôle d’entrainement du secteur public, alors que la seconde privilégiait la négociation sociale. Les dernières semaines ont vu émerger, parmi tous ceux relatifs à la loi Travail, un débat annexe ou secondaire :  la ministre Myriam El Khomri serait-elle à la hauteur ? Il s’agit en fait de la démarche qui a préludé à l’écriture de ma thèse de doctorat en histoire, soutenue à Paris en novembre 2015 et intitulée « La rigueur et les réformes. L'État peut intervenir sur les salaires des ménages ; en bloquant l'évolution des salaires des fonctionnaires (qui représentent 23% des emplois en France[2]), et des salariés des entreprises publiques (s'il y en a) ou enfin l'évolution des minima sociaux, l'État permettra une baisse temporaire de la demande globale de consommation de la part des ménages. Risques et limites des politiques de lutte contre le chômage. Il est également remarquable que chacune de ces deux gauches n’ait pas eu le même succès auprès de la haute administration. Dans un colloque récent de Sciences-Po, un témoin m’a ainsi lancé à la figure « vous n’y étiez pas ! Cet état d’esprit s’est traduit dans une vague de réformes sociales en définitive très prudentes. De manière paradoxale, la conviction que l’État intervient trop est largement répandue dans les élites du social : elle est même une idée omniprésente. À terme, la compétitivité économique est améliorée et donc la quantité d'emplois dans l’économie (en particulier dans le secteur privé) est plus élevée. D’après mon expérience, les difficultés redoublent même lorsqu’un témoin consigne ses mémoires, et/ou qu’il est fréquemment interrogé sur une période précise… comme c’est précisément le cas sur le « tournant de la rigueur », épisode ressassé entre tous. En outre, entre 1981 et 1983, rigueur et relance ont existé simultanément au sein de la politique économique et sociale de la gauche, avec certes une évolution progressive de son « dosage subtil et évolutif[4] » en faveur de la rigueur. En 2016, un gouvernement socialiste est englué dans le chômage de masse, tandis que la lutte pour l’emploi, malgré les affirmations officielles, est devenue de facto secondaire. Si certains résultats obtenus ont ainsi été quelque peu surprenants, en revanche la méthode suivie correspond peu ou prou au protocole mis en place dès l’année de mon master 2, que j’avais consacré aux lois Auroux. Ma thèse m’a conduit à croiser bien des thèmes abordés par les débats des derniers jours. Visage de cire émergeant à peine d’une lumière sépulcrale, il donne ici son ultime témoignage. Notes General Note: Unfinished map template General Note: Image digitized from microfilm. En somme, sans les écarter, il aurait fallu accompagner les mémoires des témoins d’un peu plus d’histoire…. Je leur ai proposé de la publier sur ce carnet, ce qu’ils ont accepté, moyennant quelques aménagements. La pure tactique politicienne et les jeux d’influence des courants du PS ne sont d’ailleurs pas étrangers à cette situation. L’explication vient d’abord du fait que les experts d’État qui vont rédiger les lois sont des modernistes, proches de la deuxième gauche et de la CFDT, et qu’ils ont le champ libre. Le moins que l’on puisse dire, et d’après mon expérience des divers colloques ou événements commémoratifs où je l’ai vu, c’est que ce dernier n’était pas un très bon témoin… et le visionnage du documentaire ne m’a pas fait changer d’avis. Dans tous les cas, le vocabulaire politique du gouvernement est choisi avec soin, car il ne s'agit pas d'inquiéter mais au contraire de rassurer, ce qui conduit à des évolutions sémantiques destinées à éviter de rappeler des épisodes mal vécus (en revanche l'opposition au gouvernement ne se privera pas, elle, de faire ce rappel). Post-War: the 1920, construction of a new world? Cet éloge de la négociation sociale est à cette époque tout à fait dissonante par rapport à ce que proposent officiellement les partis de gauche à cette époque. Ils constituèrent une force décisive parfois (je pense aux lois Auroux), mais pas toujours suffisante pour renverser les rapports de force internes à la gauche, où ils étaient malgré tout minoritaires. À partir d’avril-juin 1982, la lutte contre les déficits et l’inflation, ainsi que le rétablissement de la santé des entreprises, sont les véritables priorités gouvernementales. Une offre intérieure (c'est-à-dire la production des entreprises sur le territoire national) qui ne parvient pas à satisfaire la demande intérieure est source d'inflation et de déséquilibre de la balance des paiements (hausse des importations). 1) D’abord, du strict point de vue des faits, il me semble qu’il faut définitivement abandonner la « vulgate » dépeignant le premier septennat de François Mitterrand comme ayant été le théâtre d’un virage à 180 degrés, la politique de 1983 tournant résolument le dos à celle de 1981, et plus largement aux programmes des années 1970. [3] Propos tenus par Yvon Chotard dans Sud-Ouest, 27 avril 1984 (cité dans Le Monde, 28 avril 1984). Au final, ce sont des centaines de milliers d’embauches perdues. Désormais, l’objectif principal n’est plus la construction du progrès social ni la lutte contre le chômage : il est simplement de limiter les dégâts sociaux de l’assainissement économique que le gouvernement veut mener. Le Monde accueille par exemple les propositions du CNPF en dissertant sur les risques pris par Yvon Gattaz en avançant une telle proposition, et déplore la frilosité du gouvernement Mauroy (qui lui n’a plus rien à proposer contre le chômage) face aux propositions du CNPF. Rien de tout cela. [4] Pierre Rosanvallon et Patrick Viveret, Pour une nouvelle culture politique, Paris, Éditions du Seuil, 1977, 154 p. [5] Alain  Supiot, « Autopsie du « citoyen dans l’entreprise » : le rapport Auroux  sur les droits des travailleurs », in Jean-Pierre Le Crom (dir. ... 2018-03-11. [Leg.] Durant toutes les années 1960 et 1970, ces modernistes ont donc défendu avec vigueur la pratique de la négociation sociale dans l’entreprise, non sans récolter des résultats importants. Le 17 novembre 1967, le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung analyse la politique européenne du général de Gaulle et montre les limites de la vision gaullienne de l'Europe. Pierre Mauroy ne suivit pas son directeur de cabinet. Elle venait dans mon esprit après les réformes menées durant l’année 1981-1982. Abderrahmane Saker. […] Nous lutterons contre le chômage sans céder à la facilité et en rétablissant les équilibres économiques[5] ». : Le dilemme de Buridan, ou la politique économique face à la dette: Le dilemme de Buridan, ou la politique économique face à la dette. Non crédible ? Dans les États allemands, l’autorité monarchique est réaffirmée. D’abord du point de vue chronologique : je ne suis pas le premier à le dire, mais il faut cesser d’associer la rigueur à l’année 1983. [7] L’étude Pragma est conservée dans les archives… de la CGT. ), Deux siècles de droit du travail : l’histoire par les lois, Paris, les Éditions de l’Atelier-les Éditions ouvrières, 1998, p. 269-270. French Le Parlement propose une solution très raisonnable qui ne dénature aucunement la politique de rigueur et de budget qu'elle partage au contraire. Cette possibilité est cependant limitée au domaine du temps de travail (elle prend la suite de ce qu’avait prévu l’ordonnance du 16 janvier 1982 réduisant la durée légale hebdomadaire à 39 heures), et elle est encadrée par l’attribution d’un droit de veto aux organisations syndicales majoritaires dans l’entreprise. En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de ces cookies. Après à peine un an de pouvoir, le social est devenu secondaire, et le désarroi des gouvernants est grand : ils n’ont tout simplement plus de grand dessein ni de recette pour lutter contre le chômage. C’est la priorité absolue : les instruments anti-chômage ont d’abord calibrés pour ne pas coûter trop chers et pour ne pas aggraver les déficits, et ils sont insuffisants pour avoir un effet notable sur la fameuse « courbe[2] ». À trente-quatre ans de distance, cet épisode résonne fortement avec l’accueil réservé en son temps au ministre du Travail du gouvernement Mauroy, Jean Auroux. Elles sont au fond assez proches du rapport Sudreau commandé par Valéry Giscard d’Estaing après son élection. pouvoir politique. L’État et les conflits, Paris, Éditions du Seuil, 1990, p. 351‑453. Replacer les projets réformateurs socialistes en moyenne période permet de ne pas surestimer le virage à gauche du congrès de Metz, lequel apparaît avec le recul comme conjoncturel et passager. nm. Avant d’aller plus loin, il faut d’abord examiner de plus près l’idée qu’il manque à la France une véritable « culture de la négociation ». Comme Jean Peyrelevade a été interviewé et que pour celui-ci le moment décisif se situe en juin 1982, ce dernier épisode est presque davantage mis en valeur que 1983, ce qui est un choix que je trouve judicieux. Les entretiens n’occupent pas cependant une position centrale dans mes sources, au contraire des thèses de science politique et de sociologie qui ont déjà été consacrées à des sujets très proches du mien. Cette idée occupe la première place dans le rapport Auroux d’octobre 1981, largement rédigé par une jeune énarque nommée Martine Aubry : il s’agit pour elle de provoquer une « transformation profonde et durable des relations industrielles » françaises, de créer « une véritable rupture avec le modèle existant », en basculant d’une logique de confrontation à une démarche de négociation systématique.

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